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Certains croient acheter un gadget mais se retrouvent avec une arme entre les mains. Les plus courants ressemblent à des stylos et sont utilisés par les conférenciers, mais les pointeur lazer rouge se présentent sous des formes et grosseurs diverses. Indépendamment de leur couleur ou du rayonnement, leur classification de 1 à 4 se fait à partir de la longueur d'onde. Car de leur classe va dépendre leur dangerosité.

Une étiquette de mise en garde est censée être apposée sur les pointeurs. Mais en poussant la porte de certains magasins, dans des foires, en quelques clics sur Internet, n'importe qui peut en acquérir. Sans pouvoir être assuré que l'objet est bien homologué NF ou NE. Sans instruction et recommandation de précaution.

Utilisation inappropriée
Or certains sont très puissants. Leur portée peut atteindre plusieurs kilomètres. Certains autorisés pour les astronomes servent même à viser les étoiles ! Avec un pouvoir aveuglant indéniable. Voire calorifique quand on voit des ballons de baudruche éclater à distance. C'est dire si les lésions oculaires peuvent être importantes. De la simple irritation ou inflammation à la brûlure de la cornée ou la rétine.

Or, les incidents liés à une utilisation inappropriée de laser Classe 3b se multiplient. Cela a commencé par les aéronefs, ce qui a mis la gendarmerie des transports sur le qui-vive. Et en avance sur la problématique. Avec des dizaines de cas de pilotes d'hélicoptère de la gendarmerie et d'avion de ligne ou de tourisme gênés en phase d'atterrissage à Mérignac, La Rochelle ou Pau.

L'utilisation détournée de ces pointeurs ne se limite pas au monde aérien. Elle concerne aussi les manifestations sportives, quand des joueurs ou arbitres sont ciblés. On se souvient du retour de Yoann Gourcuff à Chaban sous les couleurs de Lyon. À plusieurs reprises un pointeur laser l'avait visé.

Anecdotique ? Peut-être moins quand cela concerne la voie publique où des automobilistes sont régulièrement l'objet d'une visée laser. Le 4 janvier dernier, Keolis a porté plainte. Des conducteurs du tramway bordelais avaient été éblouis et visés par des points lumineux, quai des Chartrons. Deux jours plus tard, l'Unité de surveillance des transports en commun (USTC) interpellait un étudiant bordelais. Souvent, l'intention de nuire n'est pas avérée et c'est l'aspect ludique qui prime.

« C'est un peu comme la lumière du soleil en pleine face, témoigne un gendarme. Quand on conduit, cela peut occasionner en réaction un coup de volant, un écart accidentogène. » « Il y a le danger sur l'acuité visuelle, mais aussi l'effet impact psychologique sur la personne visée par un point rouge. Ça fait sniper », estime le commissaire David Book, chef du service de sécurité et de proximité de Bordeaux.

Et les forces de l'ordre ne sont pas épargnées. En avril, un CRS en faction à l'extérieur de la préfecture a été blessé à l'œil à Bayonne. Le 18 janvier, à Lormont, quatre jeunes embarqués dans une voiture ont tenté d'esquiver un contrôle de police en visant un policier. Ils ont été arrêtés et convoqués en justice.

Le phénomène n'est pas nouveau mais s'amplifie. À tel point que la loi vient de se durcir. Le décret d'application se fait attendre, mais dans le cadre de la Loppsi 2, l'achat, l'utilisation ou même la simple détention d'un appareil acheter un lazer non destiné à un usage spécifique autorisé, de classe supérieure à 2, devient un délit qui sera passible de six mois d'emprisonnement et de 7 500 euros d'amende. Une arme législative supplémentaire.

En attendant, ce sont plutôt les infractions d'entrave à la circulation aérienne, de mise en danger de la vie d'autrui ou de violences sur personnes dépositaires de l'autorité publique qui sont poursuivies.

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